Conclusions du Rapport sur les politiques alimentaires mondiales 2014–2015 de l’IFPRI
Dakar 31 Mars 2015- L’année 2014 a été désignée par l’Union Africaine Année de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire, pour marquer d’une pierre blanche la première décennie du PDDAA[i] (Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture Africaine). Fort de cette situation, 2014 a été malgré les nombreux défis, une année durant laquelle l’Afrique a enregistré des progrès encourageants.
En effet, selon Le Rapport Global sur les Politiques Alimentaires de l’Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI) 2014-2015 de façon générale, le pourcentage de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté (1.25 US$/j) est passé de 44.5% en 1995-2003 à 40.1% de 2003-2012. Cette baisse est due à la forte croissance des économies nationales en général et du secteur agricole en particulier.
Autre point réjouissant, la chute du cours du pétrole contribuant ainsi à la baisse des denrées alimentaires ; ce qui est en soi une bonne nouvelle pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le monde.
Ces opportunités et améliorations notables ne pourraient à elles seules éclipser les énormes défis auxquels le continent africain a dû faire face en 2014. La fièvre hémorragique Ebola qui sévit depuis fin 2013 en Guinée, au Libéria et en Sierra Léone pour lesquels plus de 10.000 décès ont été enregistrés pour plus 20.000 cas de maladies reportés. A cela, s’ajoute le handicap économique subi par la mise en quarantaine de ces pays qui ont vu leurs échanges avec la sous-région et leur croissance baisser de 4% pour la Guinée, 3.7% pour le Libéria et 7.3% pour la Sierra Léone.
Par ailleurs, les guerres civiles sont autant de challenges qui, même s’ils sont réglés ou atténués auront des effets qui se feront ressentir les années qui viennent. Le rapport note également que ces conflits influent grandement sur les échanges économiques et le commerce dans et autour du pays concerné. Le prix du manioc s’est ainsi vu passer à la hausse dans la partie Nord du Tchad avec l’arrivée des réfugiés venus de la République Centrafricaine. Ces malheureux évènements mettent à mal la sécurité alimentaire et la nutrition et démontrent que les pays riverains au(x) pays en conflit sont directement affectés d’une manière ou d’une autre ce qui contribue à multiplier les défis à relever.
En plus de cela, les conditions agroécologiques extrêmes dus aux effets des changements climatiques n’ont pas été pour améliorer la situation. En effet, le rapport révèle que : « les vastes mouvements de réfugiés fuyant la violence en République centrafricaine, au Mali et dans le nord du Nigéria ont été la proie de faibles précipitations au Bénin, au Burkina Faso, au Niger, au Nigéria, et au Togo, et de la sécheresse au Tchad et au Sénégal. »
Il faut également noter que l’interrelation chocs climatiques et conflits ne serait pas le simple fait du hasard. En effet, « une étude récemment menée par l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) révèle que les températures anormalement élevées au Soudan et au Sud-Soudan, deux pays aux prises avec la guerre civile en 2014, ont fortement augmenté le risque de conflits ».
Des perspectives de meilleurs lendemains sont fort heureusement à l’ordre du jour malgré les défis persistants. En effet, selon les prévisions du FMI, la croissance économique des pays de l’Afrique sub-saharienne reste forte et est estimée à 5.8% pour l’année 2015 ce qui laisse présager des améliorations notables pour la réduction de la pauvreté. Par ailleurs, en juin 2014, lors du Sommet de l’Union Africaine, les Chefs d’Etat et de gouvernements africains ont adopté la Déclaration de Malabo et se sont engagés à l’égard d’une croissance induite par l’agriculture en adhérant au PDDAA lancé en 2003. Toujours dans le sillage de la Déclaration de Malabo, les dirigeants africains se sont engagés à réduire de moitié la pauvreté d’ici 2025, à renforcer la compétitivité sur les marchés intra-africains, à promouvoir l’emploi des femmes et des jeunes, éliminer la faim, réduire la malnutrition ainsi que la vulnérabilité des économies et des communautés locales face aux multiples chocs.
Bon à savoir :
Ce rapport phare de l’IFPRI replace dans leur contexte les grandes questions, évolutions et décisions prises en matière de politique alimentaire en 2014 et met en évidence les enjeux et possibilités à l’horizon de 2015. S’appuyant sur une démarche de recherche rigoureuse, les chercheurs de l’IFPRI et autres spécialistes éminents des politiques alimentaires explorent une vaste palette de questions vitales :
- Comment les pays à revenu intermédiaire, qui malgré leur enrichissement abritent toujours la majorité de la population souffrant de la faim, peuvent-ils relever leurs défis de sécurité alimentaire et nutritionnelle ?
- Comment l’amélioration de l’assainissement peut-elle améliorer les effets sur la nutrition, en particulier chez les enfants ?
- Comment aider les petits exploitants agricoles à « s’élever » dans l’agriculture ou à « s’en détourner » complètement ?
- Quelles mesures de protection sociale aident à protéger de façon efficace et efficiente les populations vulnérables contre les chocs toujours plus nombreux ?
- Comment développer et réglementer au mieux les capacités des acteurs le long de la chaîne alimentaire à s’atteler à la sécurité alimentaire et aux risques sanitaires ?
- Comment devons-nous nous y prendre pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations vivant dans les zones de conflit ?
- Quelles politiques pour appuyer le développement durable du secteur de l’aquaculture, alors que la demande mondiale de poisson explose ?
- Quelles ont été les grandes avancées dans les régions et les pays abritant les populations pauvres et souffrant de la faim ?
Pour plus amples informations merci de contacter :
Armelle NYOBE, Spécialiste en Communications par mail a.nyobe@cgiar.org
[i] Le Programme de Développement Détaillé de l'Agriculture Africaine (PDDAA) est le cadre de politique générale de l'Afrique pour la transformation agricole, la création de richesse, la sécurité alimentaire et la nutrition, la croissance économique et la prospérité pour tous. En 2003, à Maputo (Mozambique), l'Union africaine (UA) a fait la première déclaration faisant du PDDAA une partie intégrante du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD).