Négliger le sol africain pourrait faire dévier les objectifs de développement et de climat

NéGLIGER LE SOL AFRICAIN POURRAIT FAIRE DéVIER LES OBJECTIFS DE DéVELOPPEMENT ET DE CLIMAT

by IFPRI | 20 June 2015

Panel de montpellier frLes sols endommagés de l'Afrique sont un obstacle majeur à la réalisation des objectifs de sécurité alimentaire et de développement dans la région, selon un rapport du Panel de Montpellier présenté  à la Conférence de lancement du rapport sur les sols en Afrique le 10 juin 2015 dernier.

Ce rapport, intitulé « Une mission Substantielle : conserver, restaurer et améliorer les sols africains », exhorte les donateurs et les gouvernements à prendre des mesures immédiates pour inverser le processus de dégradation des terres qui touche actuellement jusqu'à 65 % des sols africains. Il fait valoir que la valeur ajoutée  du sol pourrait aider à relever la plupart des défis les plus pressants de l'Afrique – de la sécurité alimentaire à l’atténuation du  changement climatique – mais cet aspect a été négligé.

Le Panel de Montpellier, réuni par le groupe de sensibilisation Agriculture for Impact,  interpelle sur la nécessité de faire de la gestion intégrée et durable des sols une priorité globale. Le Dr. Ousmane Badiane, Directeur Afrique de l'IFPRI et membre du  Panel de Montpellier, a réuni un groupe d'éminents experts lors d’une rencontre Recherche, Stratégie et Développement pour souligner et relever les défis soulevés par la dégradation des terres et des sols dans le Sahel, une région constamment confrontée à la sécheresse et à d’autres phénomènes climatiques extrêmes.

 En Afrique sub-saharienne, environ 180 millions de personnes sont touchées par la dégradation des terres, tandis que la perte économique est estimé à 68 milliards de dollars par an. Les « points chauds » de dégradation, c’est-à-dire là où les terres sont le plus sévèrement dégradées, concernent 26% de la région.

 « Les dommages causés par les sols dégradés en Afrique affectent de façon disproportionnée les producteurs du continent dépourvus de ressources » affirme Sir Cordon Conway, Directeur de Agriculture for Impact et Président Panel de Montpellier.

 « Des problèmes tels que la sécurité des terres fragiles et l'accès limité aux ressources financières poussent ces agriculteurs à renoncer à de meilleures pratiques de gestion des terres qui mèneraient à des gains à long terme pour la santé des sols sur le continent et permettrait une utilisation des ressources plus abordable ou moins coûteuse en termes de main-d'œuvre ; ce qui exacerbe inévitablement le problème », ajoute Conway.

En Afrique de l'Ouest, plus d'un tiers de la superficie de terres dans les pays comme la Guinée, la Guinée-Bissau, la Côte-d'Ivoire et la Sierra Léone, sont dégradées. Dans des pays comme le Ghana, la Guinée et le Nigeria, où le pourcentage de superficie affectée peut être inférieur, le nombre de personnes touchées est extrêmement élevé – on estime que plus de 17 millions de personnes au Nigeria sont concernées par des terres dégradées.

Panelistes

Panelistes

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Dr Ousmane Badiane (IFPRI) & Dr Dogo Seck (Ministère de l'Agriculture et de l'Equipement Rural-Sénégal)

 

« L’Afrique a une grande opportunité que les autres continent n’a pas: c’est le fait que la majorité des personnes vulnérables a accès à la terre. De ce fait, la terre devient le levier principal en Afrique pour réduire et éliminer la pauvreté», déclare Ousmane Badiane, Directeur Afrique de l’Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI). Le Dr. Dogo SECK, Secrétaire Général du Ministère de l’Agriculture et de l’Equipement Rural a ouvert la conférence aux côtés  du Pr. Gordon Conway, de M. Ousmane NDIAYE de l’Association Sénégalaise pour la Promotion du Développement à la Base (ASPRODEB) et M. Mamadou Bara GUEYE, Directeur Afrique de l’IED, afin de mettre l’accent sur l’année internationale des sols 2015, de discuter de la manière dont ces défis peuvent être relevés en Afrique de l’Ouest et d’identifier les leçons que la région peut offrir à ses voisins.

 Alors que les pratiques agricoles traditionnelles en Afrique sont menacées par l'urbanisation, par les augmentations de la population, par l'intensité croissante de l'agriculture et par les impacts du changement climatique, peu de petits agriculteurs sont suffisamment équipés pour adopter des pratiques modernes permettant de trouver une solution à l'état de plus en plus négligé des sols sur le continent.

 La capacité de l'agriculture à catalyser le développement rural et éradiquer la pauvreté a été largement évoquée. La Banque Mondiale allant même jusqu’à affirmer que la croissance du PIB liée à l'agriculture en Afrique serait environ 11 fois plus efficace pour réduire la pauvreté que la croissance provenant de tout autre secteur.

 

 A propos du Panel de Montpellier :

Le Panel de Montpellier est un groupe d'experts européens et africains dans les domaines de l'agriculture, du commerce, de l'écologie et du développement mondial. Le groupe est présidé par le Professeur Gordon Conway, Directeur de Agriculture for Impact, l’initiative de plaidoyer à l’origine de la création du groupe. Depuis Mars 2010, les membres du Panel travaillent ensemble pour émettre des recommandations en vue  d’améliorer l’appui des gouvernements européens au développement de l’agriculture nationale/régionale et aux priorités de sécurité alimentaire en Afrique Sub-Saharienne. www.ag4impact.org/montpellier-panel

Le résumé du rapport en français est disponible ici