Quel est votre parcours universitaire et professionnel ?
Inspiré par mon enseignant de Physique-Chimie en classe de Terminale au Lycée Mafory Bangoura à Abomey, Bénin, j’ai décidé de poursuivre mes études en Sciences Physiques à l’Université d'Abomey-Calavi (UAC), Bénin. J’ai obtenu une Licence en Physiques après 3 ans d’étude. Au cours de la 4eme année, avec deux amis de la fac, j’ai participé à un concours d’entrée dans les Ecoles de Statistique d'Afrique et j’ai été admis et orientée vers l’école de Dakar (ENSAE Sénégal) en 2009. J’ai reçu mon diplôme d’Ingénieur Statisticien Economiste en juillet 2012. Avant même de finir ma formation, j’ai découvert l’IFPRI dans le cadre d’un travail académique supervisé par les chercheurs de l’IFPRI. Cela m’a motivé à continuer la collaboration avec l’IFPRI. C’est ainsi que j’ai fait un stage professionnel de 6 mois au sein de l’IFPRI, au bout duquel j’ai décroché un contrat d’embauche en janvier 2013 en tant qu’Assistant de Recherche Senior. En cette qualité, j’appuie essentiellement les chercheurs seniors dans le traitement des données, dans l’analyse économique, et la modélisation. J’ai notamment travaillé sur des thématiques comme les investissements agricoles en Afrique, la croissance économique, le commerce des produits agricoles, et la productivité agricole. Récemment, j’ai engagé des travaux de recherche avec l’Université de Kiel en vue de l’obtention d’un doctorat en Economie agricole. Compte tenu de la pandémie du Covid-19, j’ai soutenu la thèse en ligne le 13 mai 2020 😊.
Qu’est-ce qui justifie votre passion pour l’économie agricole ?
Etant fils de paysans et ayant pratiqué l’agriculture à côté de mes parents jusqu’à l’obtention de mon baccalauréat, j’ai un lien particulier avec tout ce qui touche à la vie de l’agriculteur. Ainsi, une envie spéciale de comprendre mieux théoriquement ce secteur afin de contribuer à ma façon à l’amélioration des conditions de vie et de travail du petit agriculteur. J’espère pouvoir personnaliser mes connaissances pratiques acquises dès mon plus jeune âge et mon expérience d’économiste agricole pour me rendre utile aux acteurs du monde rural ainsi qu’aux décideurs politiques.
Sur quels sujets travaillez-vous actuellement ?
Etant Analyste de Recherche, nous travaillons sur des sujets qui intéressent les chercheurs seniors. Au cours de ces derniers mois, j’ai travaillé essentiellement sur trois 3 sujets : (i) Le rapport sur l’état du commerce agricole en Afrique, (ii) un projet sur la sécurité alimentaire et les liens avec le capital social des ménages dans la région du Lac Tchad, et (iii) une étude sur la productivité agricole en Côte D’Ivoire.
Sur le premier sujet, ma contribution essentielle est d’assurer la qualité des données utilisées dans les différents chapitres du rapport 2020 qui sera publié. Il s’agit surtout des données du commerce bilatéral des produits agricoles. J’ai contribué également à la rédaction d’un chapitre dans le rapport.
En ce qui concerne l’étude relative à la sécurité alimentaire dans la région du Lac Tchad (Tchad, Niger et Nigeria), j’ai travaillé notamment sur la conception des questionnaires et soigneusement veillé à la qualité des outils de collecte de données. J’ai aussi eu à superviser la formation des enquêteurs. En outre, J’ai aidé à distance à la recherche de solution aux difficultés rencontrées par les enquêteurs sur le terrain. Actuellement, je travaille avec l’équipe sur le traitement des données en vue de la rédaction du rapport et éventuellement des publications.
Pour l’analyse de la productivité agricole en Côte d’Ivoire, je suis dans l’équipe chargée d’estimer et d’analyser la croissance de la productivité totale des facteurs et de ses composantes au niveau du secteur agricole en général. L’équipe s’occupe également d’évaluer le niveau d’efficience technique pour un ensemble de sous-secteurs agricoles tel le café, le cacao, l’anacarde, le maïs et le riz.
Quel est le quotidien d’un Analyste de Recherche ?
Je pense que cela dépend essentiellement des périodes. Mais globalement, la journée d’un Analyste de Recherche est principalement rythmée par quelques activités majeures : (i) recherche de données pour répondre à une problématique, (ii) traitement des données, (iii) analyse des données, (iv) recherche de documentation, (v) rédaction de rapport. De toutes ces activités, la plus ingrate reste le traitement des données qui prend beaucoup de temps, mais avec très peu de valeur ajoutée en général. Le plus dramatique est que toute erreur à ce stade est fatale. Il a un gros risque de reprendre plusieurs fois le travail. La bonne nouvelle est qu’avec l’expérience, l’on développe de bonnes habitudes qui facilitent un peu la vie.
Enfin, il est plus stratégique de commencer sa journée avec des activités comme la revue de littérature, l’analyse des données ou la rédaction des rapports. Eviter surtout, tant que c’est possible, de commencer une journée par le traitement des données, en particulier certaines enquêtes ménages.
Quelles sont, selon vous, les principales qualités que doit avoir un Analyste de Recherche ?
Je ne sais pas vraiment. Toutefois, je pense qu’il faut d’abord aimer apprendre de nouvelles théories, de nouvelles approches méthodologiques. Comme j’aime à le dire, il faut être aussi un « paresseux » stratégique. Un paresseux stratégique, c’est un individu suffisamment malin pour trouver une solution automatique face à toute tache fastidieuse. Si un travail me fatigue (au sens de perdre beaucoup de temps sans un contenu intellectuel élevé), alors je reste convaincu qu’il existe une méthode plus facile pour atteindre l’objectif, je n’hesite pas à utiliser cette méthode existante Cela permet de gagner du temps et de se rattraper lorsque l’on se trompe. Imaginez un travail fastidieux fait pendant 2 heures ou plus, ensuite vous constatez une erreur ☹.
Ainsi, trois principales qualités sont requises : (i) la passion d’apprendre et d’appliquer des nouvelles approches méthodologiques, (ii) apprendre à automatiser les opérations courantes, et enfin (iii) le sens de l’écoute et de l’anticipation car la plupart du temps l’interlocuteur n’a pas une idée claire de ce qu’il veut.
Quel est l’aspect de votre travail que vous appréciez le plus ?
Plutôt Deux. Le premier est que vous touchez a beaucoup de choses et donc c’est un processus de formation continue. Le deuxième aspect qui est un peu lié au premier est qu’il faut apprendre en permanence pour garder ses connaissances à jour notamment pour ce qui est des outils utilisés régulièrement. Renforcer continuellement ses capacités.
Qu’est-ce que vous aimez faire pendant votre temps libre ?
En dehors du bureau, j’aime passer du temps avec ma famille. J’aime aussi la philosophie et tout ce qui en relation avec la réflexion abstraite. Je m’intéresse de plus en plus aux questions de développement personnel. Haha, peut-être qu’un jour je deviendrai un coach 😊.
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