Systèmes alimentaires, processus régionaux de l’union Africaine et engagement du CGIAR

SYSTèMES ALIMENTAIRES, PROCESSUS RéGIONAUX DE L’UNION AFRICAINE ET ENGAGEMENT DU CGIAR

by ssseck | 9 February 2021

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Le CGIAR jouit d'une forte présence en Afrique, où il contribue fortement à la recherche sur les différents aspects de l'agriculture et sur l'ensemble du système alimentaire, de la production à la consommation, pour la nutrition. Alors qu'ils sont confrontés aux effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19, les États membres de l'Union africaine (UA), à la veille du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires (UNFSS 2021), manifestent déjà un intérêt accru pour une approche du développement agricole axée sur les systèmes alimentaires.

Les instruments politiques de l'Union africaine s’intéressent à différentes composantes du système alimentaire

Le continent africain est prêt à adopter cette approche, grâce aux instruments de politique continentale mis en place, notamment le Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine (PDDAA), l’Agenda 2063 de l’Union africaine, les Déclarations de Malabo sur (1) « la croissance et la transformation accélérées de l'agriculture pour une prospérité partagée et de meilleures conditions de vie » et (2) « la sécurité alimentaire en vue d'une croissance économique inclusive et d'un développement durable », et le Processus d'examen biennal du PDDAA de Malabo.. Les instruments politiques nationaux et de l'UA s'inscrivent pleinement dans l'Agenda des Objectifs de Développement Durable (ODD), mais le PDDAA affiche des objectifs encore plus ambitieux sur l'éradication de la faim et de la malnutrition sur le continent. Ces instruments politiques de l'UA interviennent sur différents aspects du système alimentaire, mais leur mise en œuvre nécessite une approche plus délibérée des systèmes alimentaires, pour gérer les éventuels compromis.

Réaliser une révolution nutritionnelle en Afrique : la voie vers des régimes alimentaires plus sains et une nutrition optimale

En 2016, le programme A4NH a codirigé l'élaboration du Rapport Annuel sur les Tendances et Perspectives (ATOR-2015) intitulé « Réaliser une révolution nutritionnelle en Afrique : la voie vers des régimes alimentaires plus sains et une nutrition optimale ». L’ATOR est le rapport officiel de suivi-évaluation du PDDAA de l'UA. Le rapport ATOR-2015 décrit les défis de sécurité alimentaire et de nutrition auxquels l'Afrique fait face dans le contexte des instruments politiques existants. Ce document préconisait l'adoption d'une approche délibérée du système alimentaire, faisant de l'intérêt actuel à adopter cette approche pour l'Afrique et sur la scène mondiale quelque chose de très positif et de très attendu.

Pour favoriser la révolution nutritionnelle continentale souhaitée, une approche holistique des défis dans les différentes composantes du système alimentaire à l’échelle nationale, sous-régionale et continentale sera importante. La pandémie de COVID-19 a compliqué les actions nécessaires au renforcement de la résilience des systèmes alimentaires africains, comme en témoigne la Déclaration des ministres de l'Agriculture de l'UA sur la sécurité alimentaire et la nutrition durant la pandémie de COVID-19. En mai 2020, ces questions ont fait l'objet de débats plus approfondis auxquels ont participé l'A4NH et l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), qui ont animé un webinaire conjoint de l'Agence de développement de l'Union africaine (AUDA-NEPAD) et des Communautés économiques régionales, sur le thème « COVID-19 Response on Nutrition and Food Systems » (Réponse COVID-19 sur la nutrition et les systèmes alimentaires). Compte tenu de sa forte présence dans différents domaines des systèmes alimentaires de plusieurs pays, le CGIAR est en bonne position pour contribuer de façon considérable aux processus de l'UA. Mais la grande question est de savoir comment y parvenir.

Participation multiforme de l'A4NH aux processus de l'Union africaine

Outre le fait de diriger l'élaboration de l'ATOR-2015, l'A4NH a adopté une approche multiforme pour participer aux processus de l'UA, en prenant part aux débats et aux dialogues pour contribuer à identifier les possibilités d’un engagement à la fois réactif et proactif, notamment :

Le Processus d'examen biennal du PDDAA : L'A4NH et l'IFPRI sont représentés au sein du Groupe de travail technique de l'Examen biennal du PDDAA intervenant sur le thème de l’éradication de la faim et ont pris part à d'importantes discussions sur les indicateurs et les besoins en capacités des pays, ainsi qu’à l’analyse critique du processus d'examen biennal pour éclairer les examens ultérieurs. Des examens biennaux ont eu lieu en 2017 et 2019, un autre est prévu pour 2021, malgré les perturbations causées par la pandémie. L'A4NH a contribué à l'élaboration de l'Indice africain de sécurité sanitaire des aliments (AFSI), inclus dans le Processus d'examen biennal du PDDAA. Le programme phare de l'A4NH sur la sécurité alimentaire a facilité le renforcement des capacités des États membres de l'UA, et plusieurs pays ont présenté un rapport sur l'indice dans le cadre de l'examen de 2019.

Figure 1: Key messages from the One CGIAR presentation at ADFNS 2020

Figure 1 : Messages clés de la présentation de One CGIAR à l'occasion de la JASAN 2020

La JASAN est célébrée chaque année le 30 octobre, et un représentant de l'A4NH/IFPRI siège au comité directeur. En 2018, le programme phare de l'A4NH sur la sécurité alimentaire a piloté les travaux d'élaboration du document de référence de la commémoration autour du thème « Une action durable en matière de sécurité alimentaire pour améliorer la nutrition et la santé des Africains ». En 2020, l'A4NH a dirigé la préparation d'une présentation conjointe du CGIAR sur le thème « Tirer parti des interventions innovantes fondées sur des preuves pour créer un impact sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle », dirigée par Nutrition International. Intitulée « Une perspective du système alimentaire est essentielle pour relever les défis de la sécurité alimentaire et de la nutrition en Afrique », elle se voulait une présentation de « One CGIAR » structurée pour montrer comment différentes entités du CGIAR abordent collectivement des domaines différents mais nécessaires du système alimentaire, en créant une synergie sur l'amélioration de la qualité de l'alimentation. Namukolo Covic, de l'A4NH, a modéré l’événement de haut niveau commémoratif de l'Union africaine, qui a reçu des contributions des différents domaines thématiques menant au Communiqué de l'Union africaine à l'intention des États membres de l'UA et des partenaires de développement, avec des recommandations devant contribuer à orienter la position de l'UA sur l'UNFSS-2021. La figure 1 illustre les centres du CGIAR ayant participé à cet événement.

La position de l’Afrique sur la population, la sécurité alimentaire, la nutrition et le développement durable : Suite à la présentation d'un expert invité au nom du Département des affaires sociales de la Commission de l'UA (CUA-DSA) lors du 3e Comité technique spécialisé (CTS) sur la santé, la population et le contrôle des drogues, l'A4NH a collaboré avec le CUA-DSA pour mettre sur pied un document de référence destiné à orienter la position de l'UA sur « la population, la sécurité alimentaire, la nutrition et le développement durable » pour la 53e session de la Commission de la population et du développement des Nations Unies. Ce document devrait permettre d'alimenter les discussions en vue d'une position africaine commune.

L’intégration de la biofortification dans les processus de l'UA : En 2020, l'A4NH a commandé une évaluation de l'intégration de la biofortification dans les politiques et processus de l'Union africaine. Il en ressort que l'engagement de l'A4NH, ainsi que celui de HarvestPlus, du Centre international de la pomme de terre (CIP) et du Programme de recherche sur les racines et les tubercules du CGIAR, ont contribué de façon synergique à l'intégration observée au fil du temps.

Les priorités de recherche en matière de sécurité alimentaire et de nutrition en Afrique : l'A4NH est représenté au Comité directeur de l'Académie africaine des sciences pour identifier les priorités de recherche en matière de sécurité alimentaire et de nutrition, un processus dirigé par l'Académie africaine des sciences et l'AUDA-NEPAD. Il s'en est suivi un appel à candidatures pour des subventions de démarrage pour des recherches portant sur les priorités identifiées. L'AUDA-NEPAD introduira les priorités ainsi identifiées dans les débats politiques à l'échelle du continent et des pays membres afin d'accroître le financement gouvernemental pour y répondre.

Le tableau de bord de suivi de la responsabilisation en matière de nutrition à l’échelle du continent : L'agriculture est considérée par les instruments politiques de l'UA comme une stratégie clé pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition. L'A4NH a rejoint le groupe de travail de l’initiative des dirigeants africains pour la nutrition (ALN) pour mettre au point un Tableau de bord de suivi de la responsabilisation en matière de nutrition à l’échelle du continent, une initiative conjointe de la Banque africaine de développement et de l'UA. Cette initiative vise à encourager la responsabilisation des gouvernements africains et des partenaires de développement, à favoriser les investissements en matière de nutrition et à suivre les progrès réalisés dans ce domaine.

L’Agence de sécurité alimentaire et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) : L'UA privilégie la sécurité alimentaire pour (1) améliorer les systèmes de sécurité alimentaire de ses États membres par la mise en œuvre de l'AFSI et (2) mettre en place une Agence africaine de sécurité alimentaire pour coordonner la sécurité alimentaire sur le continent. Un élargissement de l'AFSI est également prévu pour y intégrer les aspects sanitaires et phytosanitaires. Ces efforts doivent promouvoir les investissements en infrastructures, notamment dans les laboratoires de sécurité alimentaire, afin de contribuer aux améliorations nécessaires des normes de sécurité alimentaire, indispensables à la mise en œuvre de la ZLECAf. L'A4NH participe également au Partenariat pour la lutte contre l'aflatoxine en Afrique (PACA), par l'intermédiaire de l'Institut international d'agriculture tropicale (IITA). Ce dernier a élaboré le produit biologique de lutte contre les aflatoxines, appelé Aflasafe®, dont la production à grande échelle a commencé dans plusieurs pays. Le CGIAR joue un rôle majeur dans les efforts en matière de sécurité alimentaire en Afrique, notamment en participant activement à des initiatives multidimensionnelles destinées à orienter les décisions en matière de politiques et de programmes.

Messages clés concernant la participation du CGIAR aux processus de l'Union africaine

Les exemples ci-dessus montrent l'importance de l'utilisation des données probantes générées par le CGIAR pour entreprendre et éclairer des actions et des progrès dans les processus à l'échelle du continent et ceux relatifs aux ODD, un autre moyen d'atteindre plusieurs pays grâce à ce travail. Si l'UA, ses États membres et la communauté internationale cherchent à accélérer les progrès en matière d'ODD en créant une dynamique de transformation des systèmes alimentaires, le CGIAR se montre plus que jamais engagé dans ses recherches sur le continent, et ce type d'engagement peut favoriser un partage proactif et réactif des connaissances. La participation de l'A4NH aux dialogues et discussions pertinents permet d'identifier des perspectives d'engagement, autant d’informations importantes auxquelles le CGIAR doit accorder une attention stratégique pour l'avenir.

Namukolo Covic est coordinatrice nationale de l’engagement pour l’A4NH et coordinatrice principale de recherche à l'IFPRI. Elle est basée à Addis-Abeba, en Éthiopie.

Ce blog a été initialement publié sur a4nh.cgiar.org