VERS UNE GESTION PLUS INTENSIVE, DURABLE ET EQUITABLE DES EAUX SOUTERRAINES DANS LE BASSIN DE LA VOLTA BLANCHE AU GHANA

VERS UNE GESTION PLUS INTENSIVE, DURABLE ET EQUITABLE DES EAUX SOUTERRAINES DANS LE BASSIN DE LA VOLTA BLANCHE AU GHANA

by adiouf | 6 November 2023

English (Anglais)

Par Thomas Falk, Emmanuel Obuobie, Margaret Akuriba

En août-septembre 2022, dix-huit représentants du gouvernement, de la société civile, du secteur privé, des agriculteurs et des dirigeants communautaires se sont réunis à Bolgatanga, au Ghana, dans le cadre d'une série de trois ateliers, afin d'explorer les possibilités d'améliorer l'utilisation et la gouvernance des eaux souterraines dans le bassin de la Volta blanche, dans la région du Haut-Est du Ghana. Le processus était soutenu par le projet Feed the Future Innovation Laboratory for Small Scale Irrigation (ILSSI), financé par l'USAID et mis en œuvre par l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), l'Institut Norman Borlaug pour l'agriculture internationale de l'Université A&M du Texas (États-Unis), l'Université pour les études de développement (Tamale, Ghana) et l'Institut de recherche sur l'eau (Accra, Ghana). L'ILSSI facilite l'apprentissage social pour améliorer la gouvernance communautaire des eaux souterraines et l'action collective dans l'irrigation à petite échelle.

Le point de départ de l'exploration des voies potentielles par les parties prenantes a été la reconnaissance de la multitude de questions interdépendantes liées à la gestion et à la gouvernance des eaux souterraines dans le bassin de la Volta blanche. Ils ont évoqué des questions liées aux pratiques de gestion agricole, à l'utilisation des ressources naturelles, à la qualité de l'eau, à l'accès à la technologie ainsi qu'aux données et à l'information, aux contraintes financières, aux défis du marché, aux réglementations gouvernementales et à la collaboration intersectorielle, qui doivent toutes être envisagées dans le contexte du changement climatique.

Sous l'impression de cette expérience, les participants ont incarné le réseau social des principales parties prenantes dans une constellation organisationnelle. Cet outil de facilitation permet de mettre en évidence la nature et le pouvoir des relations entre les acteurs. Il aide à réfléchir sur les modèles de relations plus larges au-delà des défis détaillés.

L'exercice de constellation organisationnelle a permis aux participants de prendre conscience de la valeur de la collaboration et du fait qu'au-delà des intérêts individuels, il existe un objectif commun. Cette prise de conscience a permis de comprendre qu'il ne faut pas trop compter sur le gouvernement et le soutien extérieur. Chaque acteur peut apporter une contribution significative au processus et en assumer la responsabilité. Cela inclut les agriculteurs qui sont LES acteurs clés.

Les participants ont ensuite discuté de ce que pourrait être une vision commune de la gestion et de la gouvernance des eaux souterraines dans le bassin de la Volta blanche. Différents aspects ont été mis en évidence et le groupe est finalement parvenu à la vision suivante, à laquelle tout le monde pouvait se rallier : Amélioration de la sécurité de l'eau grâce à une utilisation accrue et équitable et à une gestion durable des eaux souterraines.

Avec beaucoup d'enthousiasme, les parties prenantes ont ensuite réfléchi à ce qu'il faudrait faire pour se rapprocher de cette vision commune. En appliquant une perspective de changement de comportement, ils ont discuté de questions telles que : Qui devrait entreprendre telle ou telle action d'une manière différente ? Quels seraient les facteurs de motivation, d'habilitation ou d'incitation pour déclencher de tels changements de comportement ? La discussion a révélé que les agriculteurs étaient principalement limités par un manque de ressources financières, d'informations adéquates sur les meilleurs endroits pour creuser des trous de forage, de capacités adéquates pour l'utilisation de technologies d'irrigation efficaces, et par le manque de pompes durables et robustes sur le marché. Ils ont également souligné que les différents services gouvernementaux doivent assumer la responsabilité d'une utilisation durable et équitable des ressources. Ils devraient redoubler d'efforts pour faire appliquer les lois et règlements existants et en formuler de meilleurs. Les facteurs favorables dans ce cas pourraient être le déploiement et la mise à disposition d'un personnel adéquat pour le suivi et la mise en place d'incitations plus fortes pour que le personnel des différents départements joue ce rôle.

L'atelier s'est conclu par un appel pressant à la création d'une plateforme de collaboration plus permanente permettant aux parties prenantes de se rencontrer et de planifier de nouvelles actions en vue d'une gestion améliorée et plus durable des eaux souterraines dans le bassin de la Volta blanche. Le groupe a convenu qu'une rotation de l'hôte de la réunion serait utile pour donner à différents acteurs la responsabilité du processus et a accueilli favorablement l'engagement de partenaires externes pour soutenir l'initiative.

Thomas Falk est chercheur à l'unité Ressources naturelles et résilience de l'IFPRI, département Stratégies de transformation ; Emmanuel Obuobie est chercheur principal à l'Institut de recherche sur l'eau du Conseil de la recherche scientifique et industrielle du Ghana ; Margaret Atosina Akuriba est maître de conférences à l'Université d'études sur le développement du Ghana.