Nouvelles politiques tarifaires des États-Unis : quels enjeux pour l’Afrique subsaharienne ?

NOUVELLES POLITIQUES TARIFAIRES DES ÉTATS-UNIS : QUELS ENJEUX POUR L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE ?

by ssseck | 7 May 2025

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Auteurs: Valeria PiñeiroJuan Pablo GianatiempoFousseini Traoré, and Joseph Glauber

Troisième article d’une série de publications de blog analysant les conséquences potentielles des nouveaux droits de douane imposés par les États-Unis sur le commerce mondial des produits agroalimentaires. Lisez la première publication ici et la deuxième ici.

Les politiques commerciales actuelles des États-Unis — bien qu’elles ciblent surtout les grandes puissances économiques mondiales, notamment la Chine, l’Union européenne et les partenaires nord-américains que sont le Canada et le Mexique — ont également des conséquences économiques pour des pays et des régions moins influents, à l’échelle mondiale. En Afrique subsaharienne, ces effets se feront sentir tant directement — via l’imposition de nouveaux droits de douane — qu’indirectement, en tant que conséquences collatérales d’une éventuelle guerre commerciale entre les principales puissances économiques mondiales.

Avec l’entrée en vigueur d’une nouvelle série de hausses tarifaires imposée par les États-Unis, les pays d’Afrique subsaharienne sont contraints de s’adapter à un environnement commercial international de plus en plus difficile. La région a longtemps bénéficié d’un accès préférentiel aux marchés américains, en particulier, dans le cadre de la Loi sur la croissance et les opportunités en Afrique (AGOA) de 2000 qui accorde l’exemption de droits de douane à 1 800 produits provenant de l’Afrique subsaharienne. Actuellement, de nombreuses exportations africaines sont soumises à des droits de douane fixes de 10 %, ce qui a pour effet d’éliminer l’un des rares avantages commerciaux que la région détenait sur le marché américain.

Dans un contexte africain marqué par les fortes pressions sur la sécurité alimentaire, l’inflation et la résilience économique, l’érosion de ces préférences commerciales accentue la vulnérabilité de l’Afrique subsaharienne et soulève des questions urgentes sur la place du continent dans un système commercial mondial de plus en plus fragmenté.

Ainsi, au moins, notre modélisation suggère que les impacts directs des nouveaux droits de douane américains sur le commerce agroalimentaire des pays d’Afrique subsaharienne seront probablement relativement faibles, ce qui reflète le caractère déjà limité des échanges entre les deux parties. D’après les données de FAOSTAT, le volume des échanges commerciaux agricoles bilatéraux entre l’Afrique subsaharienne et les États-Unis s’élevait à 3,4 milliards de dollars en 2023, soit seulement 3 % du commerce agricole total du continent.

Néanmoins, les droits de douane pourraient avoir des effets indirects importants sur les flux commerciaux agricoles entre les pays de l’Afrique subsaharienne et d’autres pays et régions (par exemple, l’UE) dont les échanges sont davantage perturbés par les nouveaux droits de douane. Les produits agricoles à forte vocation exportatrice, notamment le café et le thé, les fruits et légumes et les produits alimentaires transformés, sont particulièrement touchés.

Pour consulter le blog dans son intégralité, visiter IFPRI.org. Cette publication est parue pour la première fois sur ce site.