Dans le cadre de la Déclaration de Malabo, les dirigeants africains se sont engagés à stimuler le commerce agricole intra-africain, ce qui devrait rendre les industries du continent plus compétitives en: i) créant des économies d'échelle et en éliminant les dysfonctionnements des systèmes de production ; ii) en établissant et renforçant les chaînes de valeur des produits et en facilitant le transfert de technologies et de connaissances par le biais des retombées ; iii) en encourageant et stimulant le développement des infrastructures ; et iv) en attirant les investissements directs étrangers. Il faut s'attaquer aux multiples facteurs qui contribuent à la faiblesse du commerce intra-africain. Il s'agit notamment de la faiblesse de l'intégration régionale, de la faible diversification économique, de la faible quantité et qualité des produits et services à valeur ajoutée, de l'insuffisance des infrastructures et des coûts de transport élevés, de la lourdeur des procédures douanières et des processus de dédouanement, de l'échange limité d'informations, de la corruption aux frontières et aux douanes, ainsi que des problèmes liés au passage des frontières, tels que le traitement discriminatoire (confiscation des biens, violence, détention) des femmes engagées dans le commerce informel transfrontalier.
L'adoption de l'accord sur la zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA) par l'UA en 2018 devrait contribuer à résoudre ces problèmes et à accélérer le commerce intra-africain. Toutefois, les prévisions concernant les gains résultant de l'opérationnalisation de l'AfCFTA suggèrent qu'ils seront biaisés en faveur de quelques pays dont les secteurs industriels et de services sont plus avancés et ceux dont les infrastructures sont mieux développées (par exemple, les ports maritimes, les aéroports et les systèmes ferroviaires). Ainsi, une question fondamentale est de savoir comment l'AfCFTA peut bénéficier à tous les pays africains, afin qu'aucun ne soit laissé pour compte dans les plans ambitieux d'intégration économique.
Ce domaine de recherche stratégique vise à améliorer la base de données factuelles pour chaque pays et à renforcer la capacité des pays à s'engager dans des négociations et des accords commerciaux intra-africains et à prendre des décisions mieux informées qui aboutissent à des résultats mutuellement bénéfiques.
Plus précisément, il s'agit de :
- Faciliter une meilleure mesure des flux commerciaux qui inclut le commerce transfrontalier informel.
- Analyser les conditions locales, régionales et mondiales afin d'identifier les politiques et les instruments susceptibles d'améliorer les institutions, de promouvoir l'efficacité du marché, de réduire les coûts de transaction pour les producteurs et les consommateurs et d'aider les petits exploitants à avoir un meilleur accès aux marchés régionaux.
- Identifier et mesurer les impacts des politiques qui encouragent ou augmentent les incitations à la production agricole à travers et au sein des chaînes de valeur.
- Concevoir des programmes et des interventions qui ciblent et répondent mieux aux besoins et aux défis spécifiques des femmes.
L'analyse des gains et des pertes pour les pays individuels résultant de l'opérationnalisation de l'AfCFTA et d'autres zones régionales de libre-échange est menée en désagrégeant les impacts sur : différents résultats de développement (PIB et croissance, pauvreté, sécurité alimentaire et nutritionnelle, résilience, etc.) ; l'emploi et la production dans différents secteurs (agriculture, mines, fabrication, services) et sous-secteurs prioritaires pour différents pays ; les ressources naturelles (eau, forêts, terres, etc.) ; et différents groupes et communautés sociodémographiques (jeunes, femmes, éleveurs, ruraux/urbains, etc.).