Après une nette diminution des cas de sous-alimentation ces dernières décennies, la faim est de nouveau en hausse. Selon le dernier rapport publié conjointement par la FAO et par quatre autres agences onusiennes, près de 820 millions de personnes sur cette Terre sont sous-alimentées.
«Pour la troisième année consécutive, les progrès réalisés dans la lutte contre la faim sont à l’arrêt, tandis que les souffrances liées à la faim ont augmenté en 2015, 2016 et 2017. Les retards de croissance chez les enfants représentent un problème important et près de deux milliards d’entre eux souffrent de faim inapparente ou d’une carence importante en nutriments. Cela comprend également les personnes en surpoids ou encore obèses», a déclaré M. José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO, dans un message vidéo diffusé lors de la conférence.
Le communiqué parvenu à www.lactuacho.com annonce un forum mondial a pour objectif de catalyser les mesures destinées à éliminer toutes les formes de malnutrition d’ici 2030.
Alors que la hausse des niveaux de faim à travers le monde compromet sérieusement la réalisation de l’objectif consistant à éliminer la malnutrition sous toutes ses formes d’ici 2030, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) ont lancé aujourd’hui une conférence mondiale destinée à accélérer les efforts visant à atteindre l’objectif Faim Zéro.
«Après des décennies de progrès en matière de lutte contre la faim, il s’agit d’un sérieux revers et la FAO, les agences onusiennes partenaires, les pays membres et d’autres partenaires sont tous très inquiets», a-t-il ajouté, soulignant que le nombre de personnes souffrant de la faim et de sous-alimentation dans le monde avait augmenté pour atteindre des niveaux déjà enregistrés il y a environ une dizaine d’années.
Alors qu’il existe de nombreux défis à relever afin d’atteindre l’objectif Faim Zéro, la FAO et l’IFPRI insistent sur le fait que cet objectif est encore réalisable, souligne-t-on.
Pas de temps à perdre.
«Après plusieurs années de progrès dans la lutte contre la faim et la malnutrition, il est malheureusement clair que le rythme actuel n’est pas suffisant si l’on veut éradiquer la faim d’ici à 2030, mais nous pouvons toujours réaliser cet objectif», a indiqué M. Shenggen Fan, Directeur général de l’IFPRI. De nombreux pays – comme la Chine, l’Ethiopie, le Bangladesh ou encore le Brésil – ont réussi à réduire drastiquement les cas de faim et de malnutrition et ces réussites peuvent fournir des indices précieux pour les régions qui peinent actuellement à progresser de manière significative», a-t-il ajouté.
La Conférence, qui a réuni des représentants d’Afrique et d’Asie, fait office de plateforme en vue d’accélérer le partage de connaissances spécialisées, d’approches et d’outils qui ont contribué aux réussites de certains pays afin que les autres puissent apprendre, s’adapter et intensifier leur travail visant à réduire la faim et la malnutrition de manière durable.
Eradiquer la faim et la malnutrition grâce aux chiffres
Selon les estimations de la FAO, alors que l’Afrique continue d’être le continent souffrant le plus de la faim, du moins par habitant, la région Asie- Pacifique détient le record d’individus sous-alimentés – soit près de 500 millions de personnes.
L’ampleur du défi à relever signifie qu’il doit être appréhendé de manière effective et au plus vite. Par exemple, plus de 60 pour cent des personnes sous-alimentées à travers le monde vivent dans la région Asie- Pacifique et afin de réaliser l’objectif Faim Zéro d’ici 2030, les pays de la région devront, à eux tous, éloigner 110 000 personnes des souffrances liées à la faim chaque jour pendant les 12 prochaines années.
L’urgence de la tâche à accomplir ne peut être négligée et éradiquer la malnutrition est plus complexe que certains peuvent le penser. La hausse des souffrances liées à la faim dans le monde et la hausse de l’obésité entraînent un nouveau paradigme de défis sanitaires et économiques pour le monde d'aujourd’hui et celui de demain.
Tirer profit des bonnes politiques publiques et des connaissances pour accélérer la réalisation de l’objectif Faim Zéro
La Conférence met en avant les progrès accomplis dans de nombreux pays dans le cadre de la lutte contre la faim et la malnutrition; des progrès rapides, durables, et ce, grâce à de meilleures politiques publiques, des investissements ciblés et l’intégration de nouvelles technologies.
Le Bangladesh, par exemple, a réussi à réduire le nombre d’enfants victimes d’insuffisance pondérale et accusant un retard de croissance. Rarement le pays n’avait connu de baisse aussi rapide; une situation due en grande partie à l’utilisation de politiques publiques innovantes, conçues pour améliorer l’agriculture et la nutrition. Les politiques favorisant la croissance agricole ont aidé à améliorer la production agricole, tandis que les autres politiques ont encouragé la planification familiale, renforcé les services de santé et la fréquentation scolaire et amélioré l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, sans oublier d’autonomiser les femmes.
Ensemble, ces politiques ont permis de se renforcer entre elles et ont contribué à instaurer une meilleure sécurité alimentaire et à améliorer la nutrition pour des millions de Bangladais.
En Chine, la croissance économique a permis de sortir des millions de personnes de la pauvreté et de les éloigner des souffrances liées à la faim. Au Brésil et en Ethiopie, la croissance économique a permis de transformer leurs systèmes alimentaires et de réduire la menace posée par la faim grâce à des investissements ciblés dans la recherche agricole, le développement et des programmes de protection sociale. Au milieu des années 1980 et puis sur plus de deux décennies, la production agricole au Brésil a augmenté de 77 pour cent. A cela s’est ajouté le programme Fome Zero, mis en place en 2003 dans l’ensemble du pays, avec pour objectif de fournir aux bénéficiaires un vaste éventail de services sociaux. Une combinaison gagnante qui a permis l’éradication des souffrances liées à la faim et à la malnutrition en l’espace de seulement dix ans.
De même, des investissements conséquents dans l’agriculture en Ethiopie ont entraîné une augmentation de la production de céréales et de la disponibilité des aliments, tandis que la création d’un Programme de filet de sécurité productif a pu fournir des aliments et/ou de l’argent aux ménages qui en avaient besoin. Ces investissements, associés aux dépenses publiques dans les secteurs de la santé et de l’éducation ont permis de réduire drastiquement les niveaux de faim et de malnutrition, transformant ainsi l’image de l’Ethiopie à l’international en la faisant passer de victime de famine à un exemple de réussite en matière de développement.
Accélérer le développement de technologies et améliorer les systèmes alimentaires
Partout dans le monde, les progrès technologiques contribuent à améliorer la nutrition. Par exemple, renforcer la valeur nutritionnelle des aliments de base en fortifiant les cultures grâce au processus de bio fortification peut aider à réduire la prévalence de cas d’anémie et améliorer le développement cognitif dans plusieurs pays tels que la Zambie ou encore l’Inde.
L’agriculture de précision, l’irrigation au goutte à goutte, l’agriculture de conservation et l’introduction de denrées résilientes face aux sécheresses et aux inondations comptent parmi les exemples d’outils puissants, en mesure de nous aider à produire des aliments nutritifs en plus grande quantité et de manière plus durable.
La prolifération de nouvelles technologies de communication et la possibilité de maîtriser de nombreuses données peut également permettre de multiplier les réussites et d’avoir un plus grand impact.
L’innovation s’étend au-delà des applications, des drones ou encore des machines agricoles. L’innovation dans le secteur agricole peut impliquer d’utiliser de nouveaux procédés sociaux, organisationnels et institutionnels afin de soutenir les agriculteurs et d’intensifier durablement la production. Cela va du renforcement des services de vulgarisation et des groupes d’entraide entre producteurs à l’amélioration de l’accès aux marchés et aux crédits, en passant par le développement de nouveaux moyens de transformer, de stocker, de transporter et de commercialiser la nourriture. Cet Article est paru dans le journal en ligne Lactuacho.com