La transformation durable du système de transformation agroalimentaire de l’Afrique est de plus en plus reconnue comme cruciale pour assurer la sécurité alimentaire de la région, réduire les taux de pauvreté et soutenir le développement économique. Le Rapport Annuel sur les Tendances et les Perspectives (ATOR en anglais) du ReSAKSS 2022 examine de près l’état du système, ainsi que les principaux défis qui menacent le développement futur et les politiques susceptibles de soutenir une croissance durable dans le secteur agroalimentaire en Afrique.
La transformation agroalimentaire est importante pour les objectifs de la Déclaration de Malabo de 2014 visant à éliminer la faim et à réduire de moitié la pauvreté sur le continent de plusieurs façons. Alors que la population, les taux d’urbanisation et les revenus de l’Afrique continuent de croître, ils entraînent une demande accrue de nourriture en dehors du panier alimentaire de base traditionnel – y compris les aliments transformés. Le secteur de la transformation constitue un lien essentiel entre les petits producteurs qui cultivent des denrées de base non transformées et les consommateurs qui veulent acheter des produits transformés. Ce lien peut simultanément augmenter les revenus des petits exploitants agricoles, fournir des opportunités d’emploi non agricole et aider l’Afrique à répondre à ses propres besoins alimentaires sans dépendre autant des produits alimentaires importés.
L’importance de ce troisième avantage est devenue évidente au cours des trois dernières années, alors que la pandémie de COVID-19 et le conflit entre l’Ukraine et la Russie ont perturbé les marchés agricoles du monde entier. Le renforcement des capacités de production locale de régimes alimentaires sains et durables pour répondre à la demande alimentaire croissante de l’Afrique contribuera grandement à protéger la région contre les futurs chocs du marché.
L’ATOR 2022 rapporte que le secteur de la transformation agroalimentaire en Afrique est en croissance en termes d’emploi, de production et de productivité. Cependant, le secteur reste dominé par les petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises de transformation informelles, qui connaissent souvent une productivité du travail plus faible. Si ces entreprises étaient en mesure d’accroître leur productivité, et donc leur compétitivité, elles pourraient à la fois créer davantage de possibilités d’emploi et réduire leur dépendance à l’égard des importations alimentaires en renforçant le commerce intra-africain des produits alimentaires transformés.
Le secteur de la transformation agroalimentaire en Afrique dans son ensemble est confronté à plusieurs défis communs. Il s’agit notamment du manque de compétences et de connaissances ; le manque d’accès aux ressources telles que la terre, le financement et le capital ; le manque d’infrastructures fonctionnelles pour les transports et l’énergie ; les coûts d’exploitation élevés ; l’accès peu fiable aux produits alimentaires non transformés. Le chapitre trois du rapport examine plusieurs études de cas de transformation des fruits et légumes : la transformation de la tomate au Nigeria et au Ghana, la transformation de l’ananas en Afrique de l’Ouest et la production de jus de fruits dans l’ensemble de la région. Ces études de cas illustrent les défis communs auxquels ce sous-secteur de la transformation est confronté. Les défis auxquels est confrontée la transformation des fruits et légumes comprennent le caractère saisonnier et périssable des produits alimentaires non transformés ; des prix élevés à la production (liés aux deux facteurs susmentionnés) qui réduisent la compétitivité des entreprises de transformation ; le manque de moyens de transport efficaces entre les zones rurales et les usines de transformation ; le manque d’installations d’entreposage frigorifique ; et le manque de capacité à respecter les normes de sécurité sanitaire des aliments et les certifications nationales pour établir de telles normes.
Pour surmonter ces défis et veiller à ce que le secteur de la transformation agroalimentaire atteigne son plein potentiel de développement, il faudra déployer des efforts concertés et coordonnés dans toute la région. La création de centres de formation pour les rôles opérationnels et entrepreneuriaux, ainsi que l’établissement de liens plus étroits entre ces centres et les employeurs du secteur de la transformation, contribueront à renforcer les capacités de la main-d’œuvre et à améliorer la productivité. Les décideurs devront également investir dans l’amélioration des TIC et des technologies de transport et donner la priorité aux environnements politiques qui soutiennent les entreprises, en particulier les PME ; ces stratégies peuvent aider à accroître l’accès des transformateurs au financement et au capital. Un environnement politique approprié peut également accroître la collaboration entre les entreprises de transformation africaines et les entreprises étrangères et entre les entreprises de transformation et les organismes de recherche, stimulant ainsi l’innovation et renforçant le potentiel global du secteur pour une transformation durable.
Le rapport souligne également que des recherches supplémentaires sont nécessaires sur l’impact ultime du secteur de la transformation agroalimentaire sur la nutrition dans la région. Bien que certains produits alimentaires transformés aient été clairement liés à de mauvais résultats pour la santé et à des taux croissants d’obésité et de surpoids, la transformation des aliments peut également accroître l’accessibilité et l’abordabilité des aliments sains, comme le mil prêt-à-manger ou les légumes et fruits en conserve ou congelés. De même, les aliments transformés peuvent être enrichis en vitamines et minéraux, améliorant ainsi leur valeur nutritionnelle. Les possibilités d’amélioration de la nutrition présentées par le secteur de la transformation peuvent être soutenues par des politiques qui établissent des normes nutritionnelles et des exigences en matière d’étiquetage et investissent dans la transformation qui préserve ou améliore la nutrition.
Le secteur de la transformation agroalimentaire en Afrique a le potentiel de catapulter la transformation de l’ensemble du secteur agricole et de conduire à la réalisation d’importants objectifs de développement. Toutefois, pour atteindre ce potentiel, il faut mener davantage de recherches sur les politiques et les programmes efficaces à l’appui d’une croissance durable.
Source : https://ssa.foodsecurityportal.org/fr/node/2147